Déguster une bière tchèque

Bière tchèque


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La première gorgée de bière

La bière est la boisson alcoolisée la plus répandue dans le monde. Elle a longtemps souffert de la comparaison avec le vin, plus élitiste, dont la dégustation s’apparente à un art. Pourtant la bière peut offrir autant d’arômes, de couleurs et de saveurs qu’un bon vin.

Service de la bière

La bière doit toujours être servie à la bonne température ; pour une pilsner, c’est en général entre 5 et 7° ; la servir glacée est une hérésie.

Le service commence par le choix d’un verre rigoureusement propre à la température ambiante. En outre, le verre devra être adapté au type de bière. Les pilsners se prêtent parfaitement aux flutes ; mais c’est dans de grands bocks en verre qu’elles sont traditionnellement servies dans les pays tchèques. A noter que par défaut, la bière pression est servie dans des verres de 50 cl (velké pivo). Pour obtenir une petite, il faut le demander expressement (malé pivo): on vous la servira alors dans un verre de 30 cl.

La bière doit être versée dans un verre incliné à 45° en faisant couler le liquide contre la paroi du verre. Redresser doucement le verre entrainera la formation d’une mousse onctueuse. Ce « faux col » de mousse est dû au gaz carbonique qui se dégage à travers le liquide et qui adhère aux protéines créées par la céréale maltée.

Le verre sera ensuite placée, logo de la brasserie vers le buveur, sur un sous-bock cartonné (qui fera la joie des collectionneurs).

Dégustation de la bière

On commencera la dégustation en admirant sa robe, sa couleur puis on humera son odeur. En cela, le cérémonial ne se différencie pas de celui du vin. Petite singularité : à la différence du vin, il est possible « d’écouter » le doux chuintement de la mousse. Après seulement, il sera possible de la goûter.

Tout sur la bière

La première gorgée de bière

« C’est la seule qui compte. Les autres, de plus en plus longues, de plus en plus anodines, ne donnent qu’un empâtement tiédasse, une abondance gâcheuse. La dernière, peut-être, retrouve avec la désillusion de finir un semblant de pouvoir... Mais la première gorgée! Gorgée ? Ça commence bien avant la gorge. Sur les lèvres déjà cet or mousseux, fraîcheur amplifiée par l’écume, puis lentement sur le palais bonheur tamisé d’amertume. Comme elle semble longue, la première gorgée! On la boit tout de suite, avec une avidité faussement instinctive. En fait, tout est écrit. la quantité, ce ni trop ni trop peu qui fait l’amorce idéale ; le bien-être immédiat ponctué par un soupir, un claquement de langue, ou un silence qui les vaut; la sensation trompeuse d’un plaisir qui s’ouvre à l’infini... En même temps, on sait déjà. Tout le meilleur est pris. On repose son verre, et on l’éloigne même un peu sur le petit carré buvardeux. On savoure la couleur, faux miel, soleil froid. Par tout un rituel de sagesse et d’attente, on voudrait maîtriser le miracle qui vient à la fois de se produire et de s’échapper. On lit avec satisfaction sur la paroi du verre le nom précis de la bière que l’on avait commandée. Mais contenant et contenu peuvent s’interroger, se répondre en abîme, rien ne se multipliera plus. On aimerait garder le secret de l’or pur, et l’enfermer dans des formules. Mais devant sa petite table blanche éclaboussée de soleil, l’alchimiste déçu ne sauve que les apparences, et boit de plus en plus de bière avec de moins en moins de joie. C’est un bonheur amer : on boit pour oublier la première gorgée. »
La Première gorgée de bière et autres plaisirs minuscules par Philippe Delerm, 1997